ce midi en mangeant mon gratin de poisson à la cantine du boulot, je me suis dit qu'il pouvait être bien de vous parler aujourd'hui - jour du poisson ! - de comment manger du poisson de façon durable...
Ben oui, je suis bretonne, le poisson et les crustacés j'adore ça ! mais là aussi, on peut faire des catastrophes si on consomme mal...
Vous avez sûrement déjà entendu parler du thon rouge qui est menacé d'extinction ? Le Thon rouge n'est pas le seul poisson menacé...
Voici donc quelques repères pour mieux manger son poisson :
1/ première règle : connaître les poissons sur-pêchés dont l'espèce est menacée - à très court terme pour certains.
=> le site Pour une Pêche Durable vous permet d'y voir plus clair.
En toute urgence, il faut tout simplement éviter d'acheter les espèces suivantes, les plus menacées :
- le saumon atlantique sauvage
- le thon rouge (désolée pour les amateurs de sushis... moi aussi c'était mes préférés avant ! Au passage je remercie Auchan qui depuis plus d'un an a cessé de s'approvisionner en thon rouge)
- le cabillaud
- le requin
- les espèces de grand fond : Empereur, Grenadier, Sabre, Lingues.
si vraiment vous en rêvez et que vous en voulez absolument, passez à mon point 2 :
2/ Respecter les saisons des poissons. Oui, pour les poissons, comme pour les fruits et légumes, il y a des saisons à respecter ! Pourquoi ? Parce que les poissons sont nomades, parce qu'ils répondent à des cycles de vie précis : il faut éviter de les pêcher en pleine phase de reproduction par exemple, ou de ponte de leurs œufs, ou quand ils sont plus vulnérables, ou quand ils sont trop loin de nos côtes (compliquant la vie des pêcheurs ! et faisant gaspiller toujours plus de gasoil pour aller sur les zones de pêche).
Le site Pour ma Planète a établi le calendrier de consommation responsable des poissons
Laisser quelques mois de répit aux espèces leur permet de rester dans leurs zones de vie habituelles (et éviter leur exode vers des zones toujours plus lointaines des côtes), et surtout, ça leur laisse le temps de grandir, de se reproduire, bref de sauver leur espèce ...
3/ Protéger le renouvellement de leur espèce (ça tombe bien, en plus, l'année de la Biodiversité vient de se lancer !) En effet, beaucoup de poissons sont pêchés alors qu'ils sont encore bébés ou jeunes adultes, n'ayant pas encore eu le temps de se reproduire... Je suis souvent affolée de voir des étalages de "bars portions" de moins de 30 cm ! Sachez qu'à moins de 37 cm, le bar est encore un "bébé" et n'a jamais pu se reproduire... On ne devrait donc pas trouver de bar sur les étals de moins de 40 cm. D'ailleurs, les pêcheurs de bar amateurs responsables (dont mon papa !) relâchent systématiquement les bars de moins de 40 cm. Ce qui est vrai pour le bar est vrai pour tous les poissons : évitez donc de prendre les poissons trop petits... Ah , et préférez les poissons de ligne plutôt que les poissons de casier ou de chalut... car les casiers et chalut sont des techniques de pêche qui ne font pas le tri sur l'espèce voulue et abîment beaucoup les poissons pêchés : il y a énormément de pertes avec ces techniques...
4/ Et les poissons d'élevage dans tout ça ? Aïe ! la question qui tue...
hum, pour être franche, il se fait tellement n'importe quoi dans certaines fermes d'élevages de poisson, qu'il m'est difficile de les cautionner. Pourtant sur le papier on peut se dire que c'est plutôt pas mal c'est vrai...
Les principaux problèmes de l'aquaculture :
- la nourriture donnée aux poissons : bien souvent, les poissons d'élevages sont carnivores, et les tout petit poissons qu'ils mangent sont quant à eux pêchés au grand large... il faut donc aller très loin pour les pêcher, et du coup on prive les poissons sauvages de leur nourriture...
- les traitements donnés aux poissons d'élevage : comme pour les animaux terrestres, les élevages intensifs ont leurs travers... La moindre infection et c'est l'élevage tout entier qui est perdu... Les poissons d'élevage sont donc bourrés de médicaments en tous genres... et de colorants ! Vous apprendrez que le saumon n'a pas la même teinte selon les différents pays où il est consommé... car figurez-vous que certains le préfèrent bien rose, d'autres bien orange, d'autre plus "corail"... bref, tout cela est dosé grâce à des colorants qu'on donne à manger aux poissons... L'élevage de saumon au Chili est un désastre écologique épouvantable : une épidémie ayant touché les élevages (devenus omniprésents sur la côte chilienne), les poissons ont été libérés, contaminant toutes les autres espèces de poissons sauvages. Et les tonnes de produits chimiques utilisés ont contaminé les algues et autres espèces végétales. Bref, une catastrophe...
- sans parler de l'entassement inhumain (on se comprend !) des cages dans lesquelles ils grandissent sans pouvoir nager...
Bon vous l'aurez compris : je suis pas une fan du poisson d'élevage !
5/ Mais si je ne vais pas chez le poissonnier mais que j'achète mon poisson tout préparé : comment je fais pour savoir où et quand il a été pêché ?
=> pour cela, suivez le label "MSC": label international garantissant que la pêche effectuée l'a été dans le souci de la protection des espèces. Cherchez donc le petit poisson bleu sur les packagings !
En résumé, ce mois-ci, faites-vous plaisir en consommant :
- Mulet
- Espadon
- Empereur
- Raie
- Eglefin
- Bar
- Limande
- Tacaud
- Carpe
Whaouh... Quelle maîtrise du sujet!!!
RépondreSupprimerJ'adore le poisson, j'en mange beaucoup... mais j'en achète peu! Alors j'espère qu'un maximum de restaurateurs lit ton blog :)
ou alors tu choisis, toi, sur la carte, le poisson de saison !
RépondreSupprimersouvent en plus, c'est meilleur pour le porte-monnaie car les poissons de saison sont moins cher dans leur saison de pêche (car on va moins loin pour aller les pêcher, il y en a plus, et ils sont de plus belle taille)
Par contre faut que j'arrête d'aller au Japon en avion juste pour manger des sushis :)
RépondreSupprimerOu alors, si j'ai bien compris, il faut que je compense d'une manière ou d'une autre les émissions de carbone causées par mon trajet!
Si je peux me permettre, pour approfondir le sujet sur les espèces en voie de disparition, Canal+ diffusera le lundi 1er février (à 20h50) un documentaire - Global Sushi (demain nos enfants mangeront des méduses) - enquêtant sur la disparition du thon rouge.
RépondreSupprimerUn comble de proposer cela pour quelqu'un qui n'a pas la télé :)
Merci pour l'info Fred ;) dommage je n'ai pas Canal+... j'essaierai de me le procurer quand même.
RépondreSupprimerPour rebondir sur le Japon : ils ont un énorme carton rouge de ma part sur la pêche à la baleine ! (tiens je pourrais peut-être créer une rubrique "ils n'agissent pas" donc si tu retournes au Japon : dis-leur d'arrêter de massacrer cette espèce elle aussi en voie de disparition !! et évite d'en manger ;)
Il faut savoir qu'ayant déjà massacré toutes les baleines dans leurs eaux, ils soudoient les pays ayant encore des baleines pour négocier le droit de les pêcher chez eux. Ex : à Madagascar... ils financent un maximum de choses dans le pays - comme des puits d'eau potable ou autres écoles - pour obtenir du gouvernement le droit de pêcher... car elles sont des milliers à venir s'y reproduire et mettre bas chaque été... Les associations de protection des baleines de l'océan indien estiment que si le Japon obtient gain de cause, en 3 ans nous n'aurons plus de baleines sur Terre (enfin en Mer)
Je découvre aujourd'hui un guide très complet et TRES pédagogique réalisé par GreenPeace : "Et Ta mer, t'y penses ?"
RépondreSupprimerDans ce guide, vous saurez tout sur les vrais problèmes des différentes techniques de pêche du chalutage de fond et du chalutage pélagique : 70% de nos poissons sont concernés par le chalutage de fond, et les dégâts sur l'écosystème sont considérables. Chaque heure, un passage de chalut raffle l'équivalent de 180 terrains de football, mais toutes les espèces ne les intéressent pas et sont donc rejetées, mortes ou agonisantes (requins, dauphins, poissons peu vendus, etc)...
On apprend aussi que 20% des poissons de nos étals proviennent de pirates. Ils alimentent surtout les bâtonnets de poissons surgelés.
Le guide donne aussi les périodes de reproduction de chaque espèce et les tailles minimum à respecter pour chaque espèce.
et bien-sûr ils donnent également la liste rouge des espèces à ne plus consommer, le temps qu'ils se reproduisent et assurent la survie de leur espèce...
Greenpeace milite pour que 40% de nos océans et mers soient classés en zone de réserve maritime où la pêche serait interdite pour permettre aux poissons de se reproduire...
Voici le lien vers cet excellent guide :
http://www.greenpeace.org/raw/content/france/presse/dossiers-documents/et-ta-mer-t-y-penses.pdf